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Le Châtelet

Châtelet

Situé à un point stratégique important pour surveiller à la fois la vallée de la Charente et toute incursion venant de l'est plus accessible aux attaques, le châtelet devint peu à peu un important ensemble défensif. Il était constitué de trois grosses tours rondes et d'une quatrième de plus grandes dimensions, sorte de donjon formant un trapèze ceignant aux deux tiers une tour circulaire beaucoup plus ancienne. Ces quatre tours, comportant intérieurement des salles à voûtes d'ogives ou à voûtes à coupole, étaient reliées par des courtines de même hauteur et crénelées. Une enceinte extérieure polygonale et dotée de tours enserrait l'ensemble. Ces tours plus hautes que la courtine qui les joignait possédaient une salle au niveau du chemin de ronde. François de Corlieu indique que la structure centrale était « défendue du côté qui regarde la ville d'un profond fossé taillé en roc à fond de cuve ». De même, l'enceinte extérieure est protégée du côté occidental par un fossé de 9 mètres de largeur et de 5 mètres de profondeur environ. Une porte flanquée de tours et avec un pont-levis permettait l'entrée ou la sortie de la forteresse.

A la fin du XVe siècle, le Châtelet perdit sa fonction défensive pour devenir une prison. On y fit d'importantes réparations au début du XVIIe siècle et encore à la fin du XVIIIe siècle concernant les murs intérieurs et extérieurs , les chambres, les cachots et la chapelle. En 1789, dans les cahiers de doléances de la noblesse d'Angoumois, on déclare que « les prisons sont dans un état qui est à la fois inhumain et indécent ». En 1792, les bâtiments sont qualifiés de « cloaque empestiféré ». L'arrivée en 1799 de la poudrière de la ville s'ajoute à l'insalubrité, aux dégradations. Mais ce n'est qu'en 1820 qu'un projet de rénovation et d'agrandissement présenté par Paul Abadie (père), architecte départemental, est accepté. Les travaux ont eu lieu entre 1821 et 1823 : de nouveaux bâtiments sont construits, englobant les quatre tours dans un quadrilatère cerné par un mur d'enceinte avec à l'intérieur : préaux, ateliers, cachots, locaux pour prévenus, accusés et condamnés, infirmerie, chapelle, locaux techniques. Un bâtiment en avancée formait la façade principale, ouvrant vers le nord-est.

Cette prison, surpeuplée, insalubre, amena le Conseil Général de la Charente à décider en 1856 de la construction d'un nouveau centre pénitentiaire (l'actuelle maison d'arrêt) et à la place du Châtelet dont on décida la destruction, on projeta d'établir une halle . Discussions, plans, projets, décisions et contre-décisions, tergiversations durèrent pendant 35 ans dans la population, la presse et le conseil municipal, la ville ayant acheté les bâtiments du Châtelet en 1859. Enfin en 1885,le plan de l'architecte Edouard Warin est adopté. Les halles furent ouvertes en septembre 1888. Une rénovation complète en a été effectuée de mars 1999 à juin 2000, rajeunissant cette réplique des Halles Centrales de Paris, un des vestiges de l'architecture industrielle de la fin du XIXe siècle, avec ses briques vernissées, sa fontaine centrale de Bacchus et ses verrières portant les armoiries d'Angoulême. retour.

Bacchus