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La place du Palet fut longtemps un lieu public majeur de commerce et de passage. Elle se trouvait en effet au débouché de ce qui fut pendant des siècles la principale entrée de la ville, la Porte du Palet, puissamment fortifiée, ceinturée d'une barbacane et précédée d'une motte. C'est par cette porte, au Nord du site que se faisait notamment les entrées solennelles, telles celle de François Ier en 1526, ou encore du jeune Louis XIV en 1650.
Le nom de Palet provient de la proximité d'un pal, planté au Moyen Age près du chemin descendant à l'abbaye de St Cybard. Ce pal, servant à exposer les têtes des traîtres justiciés à Angoulême, fut enlevé en 1349. La place elle-même, où se tenait un pilori, servit de lieu de peines et d'exécutions jusqu'à la deuxième moitié du XVIe siècle.
Malgré son nom et cette fonction macabre, elle fut avant tout pendant des siècles le site d'intenses échanges. En 1364, un marchandil, sorte de marché en plein air, se tenait là et en 1450, le Comte Jean d'Orléans, grand-père de François Ier, fit élever une grande halle couverte, la plus belle alors de la province. Entretenu et consolidé, cet édifice présentait au XVIIIe siècle une longueur de 59m, une largeur de 42m, le pignon s'élevant à 11,30m. Il était surmonté du grenier du roy, où étaient conservées des provisions de blé pour les périodes de disette. La place s'animait ainsi à l'occasion des nombreux jours de foire et de marché ordinaire.
Cependant, l'encombrement du site, le trafic lié à la porte et aux nouvelles rampes aménagées vers St Cybard et l'Houmeau à partir de 1740, entraînèrent des embarras de plus en plus insurmontables. Aussi la porte et ses fortifications furent- elles progressivement détruites, entre 1750 et 1860, élargissant l'accès à la ville haute. En 1777 l'administration royale, considérant que la halle devant la porte du Palet obstrue tellement son entrée qu'il en est souvent arrivé des accidents funestes (...) autorise son transfert en un lieu plus praticable. Ce sera la place du Château. En 1778 l'édifice est ainsi démoli, libérant un vaste espace.
Cette disparition fit peu à peu péricliter l'activité du quartier, malgré le maintien de quelques commerces et de marchés de plein air, comme le marché au bois jusqu'au début du XXe siècle. Dans les années 1850, divers projets de marché couvert et de bazar sur la place ou à proximité virent le jour, mais aucun n'aboutit.
Au cours du XXe siècle elle devient un vaste parking mais, dans les années 70-80, le site va heureusement profiter de la politique de réhabilitation du vieil Angoulême. Entre 1978 et 1986, la place est ainsi réaménagée par l'architecte Roland Castro en tenant compte de la pente, par paliers, avec fontaine, tonnelles, terrasses et esplanade, tandis que sont restaurés les immeubles alentours, notamment celui du XVIIIe siècle à l'Ouest du site. retour